! REPORT
The little apple thief
3D Render by bisonraviAnother work inspired from Marcopol's pictures... 
The painting is from Anne Songhurst (her site where you can admire her work: https://annesonghurst.co.uk/).

The painting is from Anne Songhurst (her site where you can admire her work: https://annesonghurst.co.uk/).
Je suis ravi (moi aussi) d'avoir pu t'inspirer un tant soit peu. J'aime interroger la fonction méta-linguistique des images, qui ne va pas de soi, contrairement aux mots. Dans ton image, deux registres créent cette tension à propos de la notion de réalisme : celui de la nature morte (qui s'inscrit elle aussi dans une tradition, j'y reviendrai) et celui de ta scène 3D.
La démonstration est la suivante qui passe par cette problématique : une peinture sur toile est-elle plus réaliste qu'une image réalisée par infographie, puisque le personnage de celle-ci vient s'y nourrir ?
La réponse est complexe puisqu'au niveau du rendu de cette image, il y a plus de présence des déchirures du pantalon qui semblent vouloir caractériser le look d'une époque, que pour le modelé des volumes de la nature morte qui est en partie détruit par la présentation oblique de la toile sur son chevalet, et par l'intrusion de la pomme 3D d'une échelle légèrement différente de celles de la peinture.
Revenons un instant à la nature morte, avant de nous intéresser aux éléments satellites de ton image. Cette peinture contemporaine s'inscrit dans la filiation de Chardin et de toutes ces natures mortes, dont un élément est représenté perpendiculaire au plan de la toile, pour renforcer son trompe-l'œil et inciter le spectateur à s'en emparer, ici, c'est l'angle du torchon blanc qui a cette fonction. Cela rajoute, à mes yeux, un suspense supplémentaire dans ce jeu méta-linguistique qui consiste à penser que par inadvertance le geste de la jeune voleuse pourrait faire tomber le compotier et ses fruits hors du tableau.
Nous en arrivons aux satellites de cette scène centrale : commençons par le hors-champ, à droite, que peut bien craindre cette jeune voleuse, si ce n'est le regard parental (un grand classique) ? Sauf qu'ici, il ramène notre regard à gauche de l'image, sur la palette et le pinceau, puisqu'il y a donc quelqu'un à l'origine de cette peinture sur chevalet. Si l'on respecte ta source, cette jeune enfant craint donc le regard de sa mère.
Il y a bien sûr d'autres échos visuels dans ton image qui viennent semer le trouble : que faire de ce broc flou dans l'arrière -plan qui entre en résonance avec le pichet du tableau et qui est situé sur laxe du bras de la voleuse ? Que faire de la bouilloire en cuivre qui vient s'associer aux deux autres récipients ? Enfin le flou de la profondeur de champ restreinte laisse tout de même percevoir qu'une porte basse du bahut est restée entrouverte, c'est donc que la petite voleuse a fouillé d'autres endroits avant de se rabattre sur celui du tableau.
Je termine par une ultime pirouette méta-linguistique : que se passe-t-il si, sous la peur d'être surprise, cette petite voleuse, essaie de remettre maladroitement le fruit dans le tableau ? Autrement, dit que se passe-t-il si notre lecture de son geste s'inverse ?
Voilà le genre de questions que je me pose quand je construis ce type d'images, cordialement.
Marc
La démonstration est la suivante qui passe par cette problématique : une peinture sur toile est-elle plus réaliste qu'une image réalisée par infographie, puisque le personnage de celle-ci vient s'y nourrir ?
La réponse est complexe puisqu'au niveau du rendu de cette image, il y a plus de présence des déchirures du pantalon qui semblent vouloir caractériser le look d'une époque, que pour le modelé des volumes de la nature morte qui est en partie détruit par la présentation oblique de la toile sur son chevalet, et par l'intrusion de la pomme 3D d'une échelle légèrement différente de celles de la peinture.
Revenons un instant à la nature morte, avant de nous intéresser aux éléments satellites de ton image. Cette peinture contemporaine s'inscrit dans la filiation de Chardin et de toutes ces natures mortes, dont un élément est représenté perpendiculaire au plan de la toile, pour renforcer son trompe-l'œil et inciter le spectateur à s'en emparer, ici, c'est l'angle du torchon blanc qui a cette fonction. Cela rajoute, à mes yeux, un suspense supplémentaire dans ce jeu méta-linguistique qui consiste à penser que par inadvertance le geste de la jeune voleuse pourrait faire tomber le compotier et ses fruits hors du tableau.
Nous en arrivons aux satellites de cette scène centrale : commençons par le hors-champ, à droite, que peut bien craindre cette jeune voleuse, si ce n'est le regard parental (un grand classique) ? Sauf qu'ici, il ramène notre regard à gauche de l'image, sur la palette et le pinceau, puisqu'il y a donc quelqu'un à l'origine de cette peinture sur chevalet. Si l'on respecte ta source, cette jeune enfant craint donc le regard de sa mère.
Il y a bien sûr d'autres échos visuels dans ton image qui viennent semer le trouble : que faire de ce broc flou dans l'arrière -plan qui entre en résonance avec le pichet du tableau et qui est situé sur laxe du bras de la voleuse ? Que faire de la bouilloire en cuivre qui vient s'associer aux deux autres récipients ? Enfin le flou de la profondeur de champ restreinte laisse tout de même percevoir qu'une porte basse du bahut est restée entrouverte, c'est donc que la petite voleuse a fouillé d'autres endroits avant de se rabattre sur celui du tableau.
Je termine par une ultime pirouette méta-linguistique : que se passe-t-il si, sous la peur d'être surprise, cette petite voleuse, essaie de remettre maladroitement le fruit dans le tableau ? Autrement, dit que se passe-t-il si notre lecture de son geste s'inverse ?
Voilà le genre de questions que je me pose quand je construis ce type d'images, cordialement.
Marc
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bisonravi
Karma: 23,889
Sun, Mar 02Merci Marc pour cette longue analyse... Quelques informations subsidiaires.
Je suis entièrement d'accord sur le coté oblique de la toile qui écrase la perspective et le trompe-l'œil. Cela m'a d'ailleurs posé des difficulté sur le cadrage de l'image et la mise en relief de la pomme qui sortait du cadre (j'ai d'ailleurs dû effacer la pomme dans l'image plaquée sur le tableau pour ne pas avoir de débord).
J'avoue être passé complètement à coté du torchon et je m'aperçois maintenant que j'aurais pu le faire déborder du cadre pour créer l'illusion d'une plus grande intrusion de la fiction (la nature morte) dans la réalité.
La scène est volontairement un environnement un peu rustique (cuisine dans une maison à la campagne) avec quelques objets plus anciens qui pourraient expliquer que l'artiste est plutôt une personne âgée adepte d'une peinture classique. J'ai d'ailleurs supprimé un panier de fruits (voir https://www.renderhub.com/gallery/20699/breakfast-in-full-serenity qui utilise la même scène) qui aurait contredit le besoin d'aller voler un fruit sur la toile alors que d'autres étaient présents sur la table.
Parmi les nombreuses toiles d'Anne Songhurst, celle-ci m'a surtout intéressé par la présence du verre dont les reflets pourraient être ceux également de la pièce environnante, créant ainsi un second renvoi entre la toile et son environnement.
Au plaisir d'échanger sur de nouvelles images !
Je suis entièrement d'accord sur le coté oblique de la toile qui écrase la perspective et le trompe-l'œil. Cela m'a d'ailleurs posé des difficulté sur le cadrage de l'image et la mise en relief de la pomme qui sortait du cadre (j'ai d'ailleurs dû effacer la pomme dans l'image plaquée sur le tableau pour ne pas avoir de débord).
J'avoue être passé complètement à coté du torchon et je m'aperçois maintenant que j'aurais pu le faire déborder du cadre pour créer l'illusion d'une plus grande intrusion de la fiction (la nature morte) dans la réalité.
La scène est volontairement un environnement un peu rustique (cuisine dans une maison à la campagne) avec quelques objets plus anciens qui pourraient expliquer que l'artiste est plutôt une personne âgée adepte d'une peinture classique. J'ai d'ailleurs supprimé un panier de fruits (voir https://www.renderhub.com/gallery/20699/breakfast-in-full-serenity qui utilise la même scène) qui aurait contredit le besoin d'aller voler un fruit sur la toile alors que d'autres étaient présents sur la table.
Parmi les nombreuses toiles d'Anne Songhurst, celle-ci m'a surtout intéressé par la présence du verre dont les reflets pourraient être ceux également de la pièce environnante, créant ainsi un second renvoi entre la toile et son environnement.
Au plaisir d'échanger sur de nouvelles images !
